Origine du nom de la ville

L'historique de Souchez, réalisé par le Comité Historique de Souchez, retrace l'histoire de la commune depuis ses origines jusqu'à aujourd'hui.
Nous découvrons aussi la vie de la commune au travers de différents thèmes historiques.

Il paraît intéressant et nous dirons même nécessaire d'évoquer l'origine du nom de la commune de même que de ces évolutions à travers les siècles.

Avant de connaître l'origine exacte du nom de SOUCHEZ, il faut se préoccuper au préalable de l'Histoire et de ce qui semble être les premières traces de l'existence d'un "village".
En effet, Souchez a un passé remontant à l'antiquité notamment sous l'époque romaine où l'on trouve les premières traces d'habitations.
Il semble même qu'elle fut une des stations placées dans l'Artois par les Romains. Si on ignore la date précise de sa fondation, la première mention écrite de son nom date de 540 ap J-C dans le testament de Saint Remy archevêque de Reims sous le nom de Sabucetum.
Mais l'authenticité de ce testament est remise en doute de nos jours par de nombreux Historiens. Il faut alors continuer à parcourir l'historique de la commune.
En 1213-1214, nous voyons le village écrasé par les troupes de Ferrand, comte de Flandre, à l'époque de son expédition contre Béthune. Il porte alors le nom d'Oppidulum.
Lors de cette bataille, Souchez fut entièrement rasé et les habitants égorgés furent écrasés sous les décombres de leurs chaumières.

Selon l'ouvrage sur l'étude des noms de lieux du Pas-de-Calais, je cite : "Il y a une erreur manifeste commise avec intention pour les besoins de la cause et l'Historien Meyer cite Oppidum Sochetum ad tria millia passum prope Atrebatum cremavir."

Or Sabucetum ne peut produire successus ; nom du village en 1088 ; il faut chercher une autre voie pour déterminer l'origine du nom de Souchez.
Il vaut mieux avoir recours à succus, signifiant mons, collis d'où le Suc en Dordogne. Et successus dénote ce qui se trouve sous la montagne, comme une grotte, une gorge, une cavée.
Lorsqu'on examine la situation géographique de la commune, celle-ci est encaissée de parts et d'autres par la colline de Lorette et par celle de Vimy. Ce qui vaudra d'ailleurs à Souchez d'être complètement détruite pendant la Première Guerre Mondiale.
On peut donc facilement admettre que Souchez est un nom d'origine topographique.
A ce sujet, l'arbre de Souchez n'était-il pas célèbre puisqu'on l'apercevait à de longues distances tant il s'élevait au-dessus du village ?

Maintenant que nous connaissons l'origine exacte du nom de la commune ; attachons-nous sur un autre point qui n'est pas dénué de tout intérêt puisqu'il s'agit de l'évolution du nom de la commune au fil des siècles.

Évolution du nom au fil des siècles

Nous allons retracer l'évolution du nom de la commune sous forme d'un tableau pour une compréhension simplifiée selon les périodes historiques classiques.
Par la même occasion un évènement de l'histoire de France y figurera.

Date
Commune
Territoire d'appartenance
Evènement Historique
1088
Villa Successi
Territoire d'Etrun
3ème abbatiale de Cluny
1104
Soces
Abbaye de Mt St Eloi
Domination des Rochefort à la Maisonnée Royale
1119
Souces
Abbaye d'Etrun
Fondation de l'ordre du Temple
1129
Suces
Territoire d'Etrun
1141
Succes
Territoire d'Etrun
Expédition de Louis VII contre le Conte de Toulouse
1154
Succes
Chapitre d'Arras
Henri II, Roi d'Angleterre
Empire Plantagenêt
1159
Souces
Chapitre d'Arras
Schisme dans l'église entre Victor IV et Alexandre III
XXème
Socez
Collégiale de St Vaast
Suger Abbé de St Denis
1213
Socez
Collégiale de St Barthélemy de Béthune
Philippe Auguste à Boulogne pour débarquer en Angleterre
1214
Soces
Collégiale de St Barthélemy de Béthune
Conte de Ferrand en guerre contre Philippe Auguste : Souchez est ravagée
1219
Soucet
Territoire d'Etrun
Bulle pontificale interdisant l'enseignement du Droit romain à l'université de Paris
1259
Souches
Ferme d'Artois
Enseignement de Thomas d'Aquin à Paris
1339
Souchies
Ferme d'Artois
Chevauchée d'Edouard III en Cambrésis
1525
Souchetz
-
Défaite de Pavie (mort de La Palice)
1663
Souchez
-
Fondation de l'Académie des inscriptions et médailles
1731
Souché
-
apogée du cardinal De Fleury
XVIII
Souchet
-
Le Siècle des Lumières
1789
Souchez
-
Révolution française
2000
Souchez
-
Vers un nouveau Souchez

On voit très bien à travers le tableau l'évolution du nom de la commune depuis 1088 mais aussi les différents changements concernant son territoire d'appartenance. Cela prouve que Souchez a une véritable histoire et qu'elle est marquée par la rivalité entre Béthune et Arras. Voilà une face cachée très peu connue de nos habitants qui est dévoilée pour vous.

Souchez du Moyen Age à la Révolution :

Tout ce que nous savons de Souchez sur cette longue période concerne les multiples destructions, que le village a subies au cours des temps, rapportées par Fleury Cresson dans son livre "Souchez, et ses souvenirs".
En effet, à cause de sa situation, Souchez fut souvent le théâtre de luttes et de combats au cours desquels le village fut plusieurs fois détruit.

En 1213, peu de temps avant la bataille de Bouvines, Souchez fut totalement dévastée et pillée par les armées de Ferrant, conte de Flandre qui guerroyait contre le roi Philippe Auguste. Ses habitants furent égorgés et écrasés sous les débris de leurs chaumières.

Dans les années 1302 à 1304, le village fut à nouveau détruit par les Flamands qui mirent tout à feu et à sang, tuant une quarantaine de paysans et incendiant toutes les habitations et granges. De plus, ils rasent le chateau-fort qu'avait bâti, sur la rivière, un conte de Lens.
En 1380, au cours de la guerre de cent ans, Souchez est ravagée par les anglais qui pillèrent le château et les maisons.
En 1479, le roi Louis XI rançonna durement Souchez qu'il frappa d'une forte amande de guerre.

En 1503, des français et des albanais enlevèrent ou détruisirent les récoltes des paysans souchézois, pillèrent les habitants et emmenèrent leur chevaux et leurs bestiaux.
En 1557, le territoire fut entièrement ravagé pendant le siège de Lens.
En 1571, la misère fut extrême et les habitants connurent une véritable famine.
En 1635, des soldats prussiens et autres commirent des rapines, s'emparant des bestiaux et des grains sans cependant commettre d'assassinats ni d'incendies.
En 1648, le village eut à loger de nombreux soldats des garnisons envoyées par le prince de Condé pour la célèbre bataille de Lens.
En 1654, pendant le siège d'Arras, des troupes espagnoles tinrent garnison à Souchez, mais Turenne vint les déloger au cours de rudes et durs combats.

Souchez à la Révolution

Les évènements historiques qui ont pu marquer notre commune au moment de la révolution ne sont pas connus.
Par contre, grâce au questionnaire en 60 articles, lancé en 1790 par ferdinand Dubois de Fosseux, premier administrateur du département du Pas-de-Calais, nous avons un état assez précis de la situation de la commune à cette date.

Le Village :
On y trouve une place publique avec un pilori, un ancien tilleul depuis un temps immémorable et une croix de grès qui est une pièce des plus majestueuses du pays. On touve également deux rivières, trois ponts, trois moulins à eau.
Les habitants :
Souchez a 554 habitants :
  • 119 hommes
  • 121 femmes
  • 62 jeunes hommes au dessus de 18 ans
  • 59 jeunes filles au dessus de 18 ans
  • 95 garçons de moins de 18 ans
  • 98 filles de moins de 18 ans
Son Seigneur :
Sieur Jean Guillaume Phillipe FRULEUX, surnommé Monsieur de Souchez. Il sera condamné à mort et guillotiné le 29 brumaire 1793.
Sa Paroisse :
Le curé :
Marc François Magloire de Wailly, né à Pas en Artois en 1743, prêtre depuis 20 ans, en fonction à Souchez depuis 9 ans.

La Première Municipalité :
 
-
Nom
Prénom
Profession
Age
Maire
Ponchart
Ambroise
Aubergiste et fermier
66
Officiers municipaux
Lallart
Guislain Jos
Clerc laïc
53
 
Taffin Pierre-André Vivant de ses biens 70
Leroy
Jean-Baptiste
Fermier
70
Thorel François Fermier 47
Despretz
Antoine
Fermier
42
Procureur
Lallart Valentin Ménager 27
Notables
Delabre
Guislain
Vivant de ses bien
32
Bayart Pierre-Guislain Ménager 64
Plouvier
André
Voiturier
47
Carton Jean-Jacques Maréchal ferrand 62
Chopin
Fidèle Amand
Ménager
46
Lallard Antoine Jos Ménager 37
Leroy Fils
Jean-Baptiste
Jeune homme à marier
36
Robillart Jean Phil Charron 55
Lallart
Antoine Jos
Brasseur
66
Chopin Guislain Jeune homme à marier 40
Galvaire
Michel
Tonnelier
46
Galvaire Jean Louis Vivant de ses biens
Secrétaire greffier
Morel
Jean Phil
Jeune homme à marier
62
Sergent de la commune
Cattelet Antoine Charpentier 30

Souchez entre la révolution et la Ière guerre mondiale

Après le désastre de Waterlow (1815), Souchez eut à loger à maintes reprises des prussiens, des autrichiens et des russes. Ces troupes commirent de nombreux vols, viols et pillages.
La guerre de 1870 sera marquée par un épisode assez malheureux pour la commune, à l'origine du sobriquet " Les capituleux de Souchez".
En effet à cette époque, le général Faidherbe qui commande l'Armée du Nord est obligé de battre retraite et de s'installer dans la région d'Arras. Pour se renforcer, l'armée fait appel à des mobilisés ou à des volontaires mal préparés à la guerre. Un bataillon de mobilisés de Marquion, cantonné à Souchez, se fait surprendre par une poignée de uhlans, soldats prussiens (certains parlent de 12).

Cette petite patrouille ennemie aurait arrêté 140 mobilisés qui durent briser leurs armes sur les marches de la "Croix de grès" et le reste du bataillon s'est enfui sans combattre ; il faut dire qu'il n'avait pas de cartouches ! C'est suite à cet incident que les habitants de Souchez reçurent le surnom peu glorieux de "capituleux" bien qu'aucun d'entre eux n'ait une responsabilité quelconque en cette affaire.
Lire à ce propos l'article de J.P Thobois dans Gauhéria n°32 p139-140 "A l'origine du sobriquet les capituleux de Souchez : L'affaire Douillet."

Souchez et la Guerre 1914-1918

La commune de Souchez fut particulièrement touchée au cours de la première guerre mondiale, ce qui lui a valu d'être citée à l'ordre de la Nation en 1920 et de recevoir en 1924 La Croix de Guerre (que l'on peut voir sur le fronton de la mairie).
Il faut dire que notre commune l'avait bien méritée car comme le dit Fleury Cresson dans son livre "Souchez à travers les ages". "Malgré tous les malheurs s'étant abattus sur Souchez au cours de siècles précédents, rien n'est comparable cependant à ce qu'il lui advint entre les années 1914-1918 ! Son martyre fut tellement grand durant ces quatre années que son nom fut connu de l'univers entier, et que ce même nom a meublé pendant des mois les communiqués du haut commandement français. Les souffrances de ceux qui s'y battirent furent indicibles et sa population connut un calvaire effrayant".
Galtier-Boissière dans son ouvrage "un hiver à Souchez (1915-1916)" nous donne une vision apocalystique de notre village :
"Soudain, derrière un boqueteau sinistre dont les arbres ététés par la mitraille raturent le ciel comme une armée de grotesques manches à balais, Souchez nous apparait... Le paysage est si hideux, si hors nature que je me demande si je ne rêve pas : c'est une vision d'infernal cauchemar, le lugubre décor de quelques contes fantastiques d'Edgar Poë.
Ce ne sont pas des ruines : il n'y a plus de mur, plus de rue, plus de forme. Tout a été pulvérisé, nivelé par le pilon. Souchez n'est plus qu'une dégoutante bouillie de bois, de pierres, d'ossements, concassés et pétris dans la boue.
Comme sur la mer après un naufrage, quelques épaves gisent éparses sur un tapis de boue luisante. Ces décombres puent la mort. Lorsque Souchez cessa d'être le théâtre d'une guérilla journalière, l'eau acheva l'oeuvre du feu : la petite rivière, qui certains soirs coula rouge, se révolta et, sortant de son lit, s'efforca de submerger les décombres.
Quelques flots de ruines émergent seuls de la boue ; néanmoins les obus ennemis s'acharnent à fouiller sans pitié les entrailles du bourg assassiné..."
 
 
Souchez en 1914, c'est un village d'environ 1500 habitants avec son hospice (environ 350 personnes) ... mais après le 8 mai 1915, il ne restera plus aucun civil.
Les Souchézois se sont dispersés ou ont été dispersés dans la région mais aussi dans des départements lointains tels que le Maine et Loire, la Vendée, La creuse, la Charente.

Souchez en 1915, c'est la mort du Général Barbot, tué le 11 mai près du cimetière communal (perdu puis repris 5 fois de suite), là où s'élève actuellement sa statue. Son successeur, le Colonel Stirn, nommé Général le lendemain, fut également tué derrière le cimétière.

 

 

 
Située entre les collines de Lorette et de Vimy, Souchez subira d'incessants combats.
Après l'installation des allemands sur la colline de Lorette dès le 5 octobre 1914, il y aura de multiples tentatives françaises pour reprendre ce haut-lieu.
Dès le printemps 1915, une grande offensive d'Artois fut déclenchée et les troupes françaises s'installèrent définitivement sur le haut de Lorette.
En mai 1915, Souchez fut en grande partie détruite ; les allemands qui occupaient le village en firent un fortin imprenable, tellement ils avient accumulé de moyens de défense.
 

 

 

 

 
 
Cependant, après une préparation d'artillerie considérable, les troupes françaises pénétrèrent dans le haut de Souchez mais ne purent conserver leur avance. C'est ainsi que le cimetière fut perdu et repris 5 fois de suite, puis perdu à nouveau. Il fallut le mois de septembre pour le reconquérir définitivement au prix de prodiges, de courage et d'héroïsme de nos soldats.

 

 

L'apreté des combats et les nombreuses pertes lors de cette période est rappelée par une plaque commémorative apposée à l'entrée de la mairie.

Après tout cela, Souchez sera complètement rasée comme en témoigne de nombreuses cartes postales ou photos parues dans "L'illustration".


 

 

          

Souchez 14-18 c'est aussi le tombeau d'hommes venus de tous les points du globe.
Fleury Cresson a relevé "comme étant tombés à Souchez en 1915 dans les rangs de l'Armée Française : des Suisses, des Grecs, des Hollandais, des Norvégiens, des Suédois, des Espagnols, des Portugais, des Brésiliens, des Américains des Etats-Unis, des Danois, des Marocains, des Tunisiens, des Argentins et des Chiliens". Des soldats de 15 nations sont morts à Souchez ; aucune en France n'en a eu autant.

 

 

De tous ces combats sur notre territoire restent de nombreuses traces, comme

les 3 cimetières qui sont par ordre d'importance :

  • Le cabaret rouge avec 7583 tombes britanniques.
  • Le Canadian Cimetery avec 139 tombes de soldats candiens.
  • Le Zouave Valley Cimetry où reposent 233 soldats britanniques et un allemand.

 

Après la guerre en 1920, Souchez fut adoptée/parrainée par la cité anglaise de Kensington (devenue maintenant un quartier de Londres) en souvenir de son régiment "The Royal Kensington" qui s'était battu de longs mois sur notre territoire ; elle fit de nombreux et très élevés dons pour aider à reconstruire le village.
Ceci explique le nom de Kensington donné à la place de la mairie et celui de la rue Rice Oxley qui était le maire de Kensington.


 


 

 

Quelques thèmes historiques

Les Maires de Souchez

Pierre Philippe DELABRE
de 1838 à 1848
Achmet D'HERICOURT
de 1848 à 1871
Georges MOREL
de 1871 à 1881
Guislain-Philippe CAYET
de 1881 à 1907
Jean-Philippe CAYET
de 1907 à 1919
Jean LEFLON
de 1919 à 1925
Joseph VERDIERE
de 1925 à 1929
Edmond RUVOST
de 1929 à 1944
Comité de Libération
2 à 3 mois en 1944
Eugène FLANDRIN
de 1944 à mars 1959
Roger VERDIERE
de mars 1959 à octobre 1959
Onésime BRASSART
de décembre 1959 à 1971
Emile VERDIERE
de 1971 à 1995
Jean-Marie ALEXANDRE
depuis Octobre 1995

 

Les curés du village de la Révolution à nos jours

Le nom du plus ancien curé qu'il ait été possible de retrouver pour Souchez est celui de M.Lourdel, décédé le 1er Mai 1781. Son successeur fut M. Dewailly, nommé le 25 juin 1781, et dont on retrouve la signature sur tous les actes religieux jusqu'au 12 juin 1792. Les actes suivants jusqu'au 23 octobre 1792 sont signés par M. Chauvez, vicaire de Souchez.
On ne trouve pas trace à Souchez, dans aucun écrit, de clergé constitutionnel au cours de la période révolutionnaire. Le curé Dewailly a refusé de prêter sermant.

 

Pendant les années qui suivent, on ne trouve plus trace de curé à Souchez ; puis on relève par ordre de succession : 

  • Delouvain Alexandre du (?) au 9 octobre 1826
  • Pomart Charles du 1er Juillet 1827 au 6 août 1832
  • Doyen Jacques du 1er octobre 1832 à 1835
  • Didier Jules du 7 août 1835 au 3 janvier 1839
  • Hélard Jean-Baptiste du 15 janvier 1839 au 30 septembre 1877
  • Brongniart Adolphe du 1er octobre 1877 au 21 mai 1906
  • Bois Léon du 22 mai 1906 au 26 novembre 1919, avec interruption à compter du 4 octobre 1914 par suite de la guerre et de l'évacuation
  • Ansart Joseph de septembre 1922 au 11 novembre 1925
  • Vandenberghe Vincent du 28 janvier 1926 au 20 janvier 1937
  • Depret Léon de janvier 1937 à novembre 1938
  • Vanhove René du 17 novembre 1938 à septembre 1955
  • Pluchart Gustave du 25 septembre 1955 à novembre 1996
  • Andrieu Gérard depuis novembre 1996

Source : Fleury Cresson "Souchez et ses souvenirs"

 

 

 
Les Moulins de Souchez

Avant 1914, Souchez possédait de véritables richesses dont les anciens gardent la nostalgie et en particulier 4 moulins sur sa rivière.
 
 
 
 
 
Tout d'abord le moulin de MONLAINE (appelé aussi MONLOGNE ou MALON) du nom d'une terre ayant appartenu à la famille des seigneurs de Monlaine, était situé à peu près aux limites respectives entre les 3 villages : Ablain, Carency et Souchez.
 
 
 
 
 
Le second moulin était le plus important puisqu'on l'appelait "Le grand moulin". Il dépendait autrefois du château féodal et se trouvait près du chateau Jonglez de ligne.
Il était situé à cet endroit bien connu des souchézois qu'on appelle "la cascade" ou "l'abreuvoir". Il s'agissait d'un moulin très ancien puisque, sur le seuil de la porte d'entrée, on pouvait y lire la date 1303.
Il faut dire qu'il bénéficiait d'une forte chute d'eau qui fournissait la force motrice et écrasait de grosses quantités de grains de toute sorte.
D'importants bâtiments étaient construits autour de ce moulin. Le dernier meunier en fut Monsieur Lespagnol.

 
 
 
 
 
Grâce à monsieur Ghienne de l'association GAUHERIA, qui a retrouvé un plan du XVIIe siècle aux archives de Lille avec tous les moulins construits sur la Souchez,monsieur Fleury a fait de très fidèles reconstitutions, ce qui nous permet d'apprécier cette magnifique bâtisse.


 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
Le troisième moulin était le plus pitoresque. Il portait le nom de "petit moulin" et était placé au confluent du ruisseau "Le Saint-Nazaire" et de"La Souchez", au bout de l'actuelle rue du moulin.
Son débit était réduit du fait que la chute qui le faisait tourner était assez faible. Le fils de monsieur Lespagnol en aurait été le dernier meunier.

 

Un quatrième moulin aurait été construit près d'un autre château féodal dont il dépendait, derrière l'entreprise actuelle "Artois Matériaux". IL fut remplacé par une belle construction que l'on dénomme "Le château Lecomte".
Ce moulin avait été transformé en moulin à huile pour écraser les oeillettes que l'on récoltait en grande quantité autrefois dans la région de Souchez.

 

 

 

Soucres : Fleury Cresson, "Souchez et ses souvenirs", 1942 imprimerie-librairie du centre J. Buisset Liévin


La Croix de Grès

Il n'est pas une personne passant à Souchez pour la première fois, avant la destruction du village pendant la guerre de 1914, qui ne se soit arrêtée quelques minutes pour admirer la belle Croix de Grès qui s'élevait alors majestueusement en bordure de la route Nationale et du chemin de grande communication d'Ablain, à quelques pas de la porte d'entrée de la mairie de cette époque...

la grande et belle Croix de Grès de Souchez était posée sur un escalier conique de sept marches également en Grès.C'était une haute colonne monolithe, de huit mètres de haut, ornée d'une base large et assez haute, 1 mètre 50 environ, et d'un chapiteau fleuri qui portait un grand croisillon.

Sur la base on lisait le nom de Jehan de Maregny qui est sans doute le même que celui qui figure comme baron d'Artois et seigneur de Souchez en 1259, dans les actes des plaids tenus à Arras et dont je parle dans un chapitre précédent.

Les habitants de Souchez étaient très fiers de leur Croix de Grès, elle était pour eux comme un symbole et signe de reconnaissance"
"La Croix de Grès a été totalement détruite au cours de la guerre 14-18. Lors du déblaiement de ses ruines et de ses fondations, on a découvert une plaque en fer portant la date de 1270"
De Fleury Cresson dans "Souchez et ses souvenirs"

Le socle de la Croix de Grès, seul vestige restant, a été transféré près du crédit agricole, à l'angle des rues Pasteur et Curie. On peut lire sur une plaque commémorative le texte suivant :

 

L'Hospice de Souchez

 "Une bonne et simple personne, mademoiselle Elise LEMOINE, avait eu la charitable pensée de recueillir quelques vieillards abandonnés et de les soigner de son mieux. Elle le fit pendant quelque temps, leur nombre augmentant, elle fit appel à notre congrégation et nous donna sa personne et son oeuvre.
Nous en primes possession en décembre 1874. La commune nous confia ses écoles en 1875. Quelques temps plus tard, nous y fondâmes un ouvroir.
En 1888 les classes furent lacisées, mais comme la maison d'école appartenait à la fabrique, nos soeurs purent y rester et y continuer les classes, l'ouvroir et l'asile. Les soeurs des classes sont entretenues par de généreux bienfaiteurs, Monsieur Jonglez de Ligne.
L'hospice avec les oeuvres annexes a pris de grands développements. Les constructions nouvelles permettent d'y recevoir un plus grand nombre d'infirmes."
Ce texte a été écrit en 1890. Il est tiré des statistiques de la Congrégation des Soeurs Franciscaines de Calais. Concis et précis, il nous assure une information authentique sur cet hospice mis par les Soeurs sous la protection du Sacré Coeur.
Au delà de 1890, les "Chroniques" de cette congrégation et d'autres documents, les Actes d'Etat Civil, le Dénombrement de 1911, les Annuaires administratif et statistique du Pas de Calais que l'on trouve aux Archives départementales du Pas de Calais, permettent de se faire une idée de l'importance de cet hospice que la Congrégation appelle l'important Asile du Sacré Coeur.
 Cet hospice a connu une constante progression, en sont témoins les actes de décés de l'Etat Civil de Souchez, quelques décés dans les années 1875 à 1914.
En 1911, le dénombrement cite les noms de 30 religieuses et 5 employés, et indique la présence de 300 hospitalisés.
L'hospice vivait au maximum sur lui-même, il avait sa boulangerie, sa boucherie, son chef de culture, ses ouvriers spécialisés et recevait le concours des hospitalisés valides.
carte reproduite avec l'aimable autorisation de messieurs Cresson et Ghienne
Cet hospice accueillait toutes formes de handicaps, non seulement de la vieillesse mais aussi d'infirmités physiques et mentales, des enfants abandonnés.
En 1911, l'Association Valentin Haüy, demande pour ses jeunes aveugles l'installation d'un atelier de brosserie.
Cet hospice ne rejette pas le progrés. Grande amélioration du point de vue de l'hygiène et de la salubrité, des puits ont été creusés, une forge installée. Quand la commune installe l'électricité, aussitôt elle arrive dans la maison et, en 1911, les lampes ont fonctionnées dans la chapelle le 8 décembre ce qui donnait à la fête un éclat particulier.

Elles quittèrent cette chère retraite, ou plutôt ce qui en restait, ce n'est plus que des ruines. C'est donc après 8 mois dans les caves à Souchez que nos chères soeurs ont été conduites en automobile avec leur personnel par des soldats allemands à la gare de loison sous Lens où elles ont pris le train pour Bouchain."

Cet hospice ne fut pas reconstruit à Souchez. Bien des démarches furent entreprises par la municipalité, sans résultat ! Les souchézois furent fort déçus de cette amputation.

Le comité historique de souchez fera paraître une étude plus complète sur l'hospice de Souchez qui tient une place importante dans la vie de la commune.

cartes reproduites avec l'aimable autorisation de messieurs Cresson et Ghienne

 

 

Vous trouverez ci-dessous 2 documentaire sur l'artois et la Grande Guerre

 

 

TERRES DE MEMOIRES DANS L'ARTOIS (PARTIE 1)

 

TERRES DE MEMOIRES DANS L'ARTOIS (PARTIE 2)